Vous accompagnez un salarié en arrêt de travail qui ne peut plus exercer son emploi pour raisons de santé ? La CRPE permet de se réadapter à son ancien poste ou d’apprendre un nouveau métier compatible avec sa santé, dans son entreprise ou dans une autre entreprise. Témoignages croisés d’une salariées accompagnée, de Cap Emploi et du service social de l’Assurance Maladie de Dijon.
Sur la photo - Rachel Herbert (directrice de l’ESAT), Camille Tallant (assistante de service social à l’Assurance Maladie), Marina Budin (salariée ayant bénéficié d’une convention de rééducation professionnelle en entreprise), Estelle Cologon (Cap Emploi)
Marina Budin vous avez signé une convention de rééducation professionnelle en entreprise : pouvez-vous nous expliquer les étapes qui vous ont amené à ce projet ?
[Marina Budin, salariée d'un EHPAD, accompagnée] Ça a commencé par mes problèmes de dos en 2019, c’était compliqué mais j’ai continué de travailler comme ça. Et en 2021 lors de la visite avec le médecin du travail, le docteur m’a dit que je ne pouvais continuer à faire mon travail comme ça. Elle m’a mise en relation avec Estelle Cologon de Cap emploi, j’ai bénéficié de beaucoup d’aménagements qui m’ont bien soutenue mais je me suis blessée. De là, je suis retombée en arrêt de travail. J’ai compris que par rapport à mon état de santé ce serait bien de faire une reconversion et me suis décidée à faire un bilan de compétences. Il en est sorti un métier tourné vers les autres : soit moniteur d’atelier soit accompagnante d'élèves en situation de handicap (AESH). De là j’ai fait une enquête métier (rencontré des professionnels qui exerçaient) et j’ai choisi moniteur d’atelier parce que plus intéressant financièrement et je savais que dans mon entreprise je pourrais retrouver du travail.
Vous avez bien vécu ce changement de projet ?
[Marina Budin, salariée accompagnée] Oui, mais j’aimais beaucoup mon métier en Ehpad. J’en ai pleuré quand on m’a dit que je ne pouvais plus l’exercer. J’ai été très soutenue par la médecine du travail et par Cap emploi et aussi après quand j’ai rencontré l’assistante sociale du service social de l’Assurance Maladie.
Comment avez-vous rencontré l’assistante sociale de l’Assurance Maladie ?
[Marina Budin, salariée accompagnée] Quand j’ai été convoquée par le service médical de l’Assurance Maladie, j’ai été orientée vers le service social. En effet, je commençais à avoir des problèmes financiers et c’était compliqué pour payer ma formation suite au bilan de compétences. Je voulais vraiment la faire et j’avais utilisé mon compte personnel de formation (CPF) et mes deniers personnels pour le financer : j’étais très motivée. L’assistante sociale de l’Assurance Maladie, Camille Tallant, m’a aidé en faisant une demande d’aide financière à la CPAM, auprès du service d’action sanitaire et sociale, pour m’aider à rééquilibrer ma situation financière.
A partir du 09 octobre 2023, j’ai commencé ma convention de rééducation professionnelle en entreprise (CRPE). Je fais mes stages et suis des cours théoriques dans une promotion de 16 personnes, toutes en reconversion professionnelle. On vient tous de milieux différents : il y a un boulanger-pâtissier, une dame qui a travaillé 10 ans aux Galeries Lafayette et d’autres personnes qui sont déjà en poste, c’est très riche. Je suis très contente et motivée.
Dans quel contexte cette CRPE a-t-elle vu le jour ? Quels points d’attention avez-vous eu sur sa mise en place en lien avec l’employeur ?
[Estelle Cologon, Cap emploi] Madame n’était pas encore formée au métier de moniteur d’atelier. De plus, l’équipe de moniteurs d’atelier de l’ESAT était au complet mais un départ en retraite était prévu en 2024. Le travail main dans la main avec le service de santé au travail de l’employeur était indispensable pour réussir ce reclassement interne. J’ai pu expliquer à plusieurs reprises ce qu’était la CRPE. L’infirmière de santé au travail était en relation constante avec le service RH de l’employeur. Lorsque nous avons eu l’accord de ces derniers, nos contacts réguliers avec la salariée et l’assistante sociale de l’Assurance Maladie, nous ont permis de mobiliser rapidement la CRPE. Une rencontre commune à l’ESAT pour sa signature et les questions pratico-pratiques de la prise de poste se sont organisées efficacement.
Quel rôle avez-vous joué dans la mise en place de la CRPE ?
[Camille Tallant, assistante sociale de l’Assurance Maladie] Madame Budin a été en arrêt de travail durant l'année 2021 suivi d'un temps partiel thérapeutique où elle a rencontré des difficultés qui impactaient sa situation de santé. Un second arrêt maladie a été prescrit en début d'année 2023. C'est à ce moment que nous avons eu l'orientation de sa situation et que débute mon accompagnement social. Elle était déjà en lien avec Cap Emploi et la médecine du travail. Le projet était de la maintenir chez son employeur actuel tout en ayant accès à une formation lui permettant d’envisager un reclassement au sein de l’entreprise. Sa situation répondait aux critères de mise en place de la convention de rééducation professionnelle en entreprise (CRPE) et permettait de mobiliser ce nouveau dispositif. Je me suis assurée de la coordination auprès des services administratifs de la CPAM et de l’instauration de temps d'échanges réguliers avec Madame Budin afin de la réassurer.
Quels étaient les objectifs de la CRPE dans cette situation ?
[Camille Tallant, assistante sociale de l’Assurance Maladie] Permettre à l’assurée de se former à un nouveau poste en bénéficiant à la fois d’une formation et d’une période de stage au sein de l'entreprise. Ce dispositif était particulièrement adapté à sa situation de santé et facilitateur d’un reclassement au sein de l’entreprise, car coïncidant également avec la prévision d'un départ en retraite sur le premier semestre 2024.
Quels sont les avantages de la CRPE, pour la salariée et pour l’employeur ?
[Camille Tallant, assistante sociale de l’Assurance Maladie] Durant la CRPE, Madame Budin perçoit une rémunération correspondant au montant de ses indemnités journalières liées à son arrêt maladie précédent et d’un complément versé par son employeur dans le cadre de sa formation. L'avantage pour l’employeur est de bénéficier d'un cofinancement de l’Assurance Maladie pour la rémunération de cette salariée et de pouvoir former une salariée pour la reclasser en interne.
En conclusion, tous les acteurs s’accordent pour dire que la mise en place de cette convention de rééducation professionnelle est arrivée au bon moment en offrant une suite positive à une situation difficile au travail. Elle permet au bénéficiaire de se maintenir au sein de son entreprise dans de bonnes conditions en s’inscrivant dans un nouveau projet professionnel en adéquation avec ses potentiels et envies. Tout cela est possible aussi et surtout grâce au concours de l’employeur.
Pour en savoir plus sur le dispositif de convention de rééducation professionnelle en entreprise, voir l’article du site ameli.fr